Johnny le Goéland
« Drôle de destinée pour un jour d’Ascension…
Jeudi 21 mai 2020, 08:00.
Alors que je déjeunais de bon matin, déterminée à profiter pleinement du jour férié qui s’annonçait généreusement ensoleillé… un cri provenant de l’extérieur détourne mon attention. Je me retourne et, avec grande surprise, vois une boule duveteuse, collée à la baie vitrée du balcon, lorgner à l’intérieur de chez nous ! Ni une ni deux je décide d’aller réveiller mon conjoint : « Viens vite, viiiite !!! » ; voyant que mes mots peinent à rivaliser avec les bras de Morphée, j’insiste : « Lèves-toi Julien, ça vaut la peine !!!! », ménageant la surprise ! Sonné à la fois par ce réveil tonique et par la vue de ce petit être grisâtre dont nous ignorions tout, je lui dis dans un éclat de rire : « C’est un dodo !!! C’est un dodo !!!! ».
Immédiatement, et malgré l’heure matinale, nous appelons le COR afin de savoir que faire. Je m’entends encore dire à Clémence au téléphone : « Je n’y connais rien en oiseaux… on dirait un dodo ! » (Pour rassurer les passionnés des oiseaux, je sais que les dodos n’existent malheureusement plus ;)). Mince, il semble avoir l’aile gauche qui pend… Une photo suffira à Clémence pour identifier un bébé goéland ! « Il faut que vous le preniez et le mettiez en sécurité, car c’est une proie facile pour les corneilles. » Le temps du téléphone, le voilà reparti sur le toit-terrasse adjacent à notre balcon et mis en protection comme par instinct dans un coin du toit-terrasse. Et voilà Julien, mon conjoint, déjà de l’autre côté de la rambarde du balcon, prêt à saisir le volatile… de mon côté branle-bas de combat pour trouver un carton, une caisse, une cage ?
C’est une caisse en bois qui accueillera le petit poussin ; suivant les conseils de Clémence, tapissé de papier journal, avec une bouteille d’eau chaude pour ne pas qu’il prenne froid en attendant l’arrivée de bénévoles chargés de le conduire au centre (n’ayant nous-mêmes pas de véhicule motorisé).
« Il faudrait qu’il puisse manger, vous avez de la viande rouge ou un os ?!? ». Notre frigo de quasi-végétariens fait pâle figure et la viande des Grisons proposée par le voisin n’est pas plus à propos… Bien évidemment les magasins sont fermés en ce jour férié… Mais notre voisin grison a la bonne idée de nous suggérer d’aller demander au restaurant spécialisé dans les burgers du quartier (i.e. le Hamburger Foundation) de nous dépanner d’un peu de viande crue. Je saute dans mes baskets, et y vais, photo du poussin à l’appui pour attendrir mes interlocuteurs. Pari gagné, je repars avec un steak haché cru dans mon Tupperware, gracieusement offert qui plus est !
De retour, je laisse Julien jouer le rôle de parent nourricier. C’est qu’il a bon appétit le petit, une bonne descente aussi !
Son aile gauche pend effectivement, espérons que cela ne soit rien de grave.
Mais comment ce petit goéland a-t-il pu atterrir sur notre toit-terrasse pâquisard ? Nous avons bien sillonné le toit-terrasse, les yeux rivés vers le haut des immeubles adjacents hauts de 4 étages, à l’affût d’un nid, de va-et-vient d’éventuels parents goélands, rien…
Et ce cri initial ? Aurait-il été attaqué par un prédateur, voire lâché là par un plus grand que lui ?
Et cette aile abîmée, serait-elle le témoin d’une chute du nid ? Mais quel nid ?
C’est avec tous ses secrets que notre petit bébé goéland est parti en direction du COR aux mains de bénévoles venus le chercher en fin de matinée. Ça peut sembler bête, mais après quelques heures à le couver d’attention, un lien d’attachement s’est créé, c’est donc sans hésitation que nous avons sauté sur l’occasion de le parrainer !
Verdict concernant son aile : déboîtement nécessitant une contention. Ce n’est que passé un délai de 10 jours que le risque d’hémorragie pourra être exclu. Reste à croiser les doigts jusqu’au 1er juin.
Si nous avions pensé un jour devenir parrains d’un bébé goéland… tombé du ciel un jour d’Ascension!
Tout de bon à notre numéro 518 et à la formidable équipe du COR pour son accueil et soutien !
Caroline et Julien (fiers parrains du goéland leucophée no 518). »
Citation et photo des parrains.